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Le grand accord entre Washington et Intel
L’annonce a fait l’effet d’une bombe : Washington entre au capital d’Intel à hauteur de 10 %, un mouvement qualifié par le président américain Donald Trump de succès « gratuit ». Mais derrière cette communication optimiste se cache une réalité bien plus complexe. Les documents officiels révèlent un investissement de plus de 11 milliards de dollars, révélé par le Chips Act instauré sous la présidence de Joe Biden.
Ce que Trump décrit comme un coup d’éclat se transforme, en creusant un peu plus, en un deal public-privé atypique qu’il convient d’examiner de plus près.
Un investissement conséquent : regardons les chiffres
En quoi consiste vraiment cet investissement ? La Maison Blanche a officialisé une contribution publique à hauteur de 11,1 milliards de dollars, répartie comme suit :
- 2,2 milliards de dollars en subventions déjà versées.
- 8,9 milliards de dollars supplémentaires alors convertis en actions.
Washington récupère ainsi 433,3 millions d’actions, soit 9,9 % du capital à un prix décoté de 20,47 dollars par unité, un tarif en baisse de 17,5 % par rapport au cours de clôture précédent. Une opération qui soulève des questions sur sa viabilité juridique et son cadre légal, car elle s’inscrit dans le cadre des aides fédérales.
Une clause stratégique pour l’indépendance technologique
Mais ce montage, qualifié d’ »historique », comprend également un warrant de cinq ans. Ce dernier permet à l’État fédéral de racheter jusqu’à 5 % supplémentaires d’Intel à 20 dollars par action si le géant américain perd le contrôle de plus de la moitié de ses capacités de production. Cette clause souligne la volonté présidentielle de renforcer l’indépendance américaine sur le marché des semi-conducteurs.
Lip-Bu Tan, le PDG d’Intel, s’est exprimé sur ce partenariat : “Nous sommes reconnaissants de la confiance dans Intel affichée par le président et le gouvernement. Nous souhaitons travailler pour renforcer la domination technologique et industrielle des États-Unis.” Une affirmation qui, dans le contexte actuel, prend de plus en plus d’importance.
Une vision à long terme : Chips Act et diplomatie économique
Initialement, c’était dans le cadre du Chips Act, programme lancé par Biden pour relocaliser la production de puces en terre américaine, que cet investissement s’inscrivait. Cependant, Trump demande une contrepartie plus tangible, évoquant un échange de capitaux. “Nous devrions recevoir du capital en échange de notre argent,” a déclaré Howard Lutnick, secrétaire au Commerce.
Cette dynamique expose les tensions internes sur la manière de procéder et soulève des interrogations sur la compatibilité du mécanisme avec les lois régissant les aides fédérales. Une situation à suivre de près, car elle peut influencer les prochaines décisions concernant le secteur technologique américain.
SoftBank entre en scène
Pour ajouter une couche de complexité, le fonds SoftBank a récemment annoncé son intention d’acquérir 2 % du capital d’Intel pour 2 milliards de dollars. Ce mouvement stratégique coïncide avec une situation délicate pour Intel, qui a perdu 18,8 milliards de dollars en 2024, ce qui n’était pas arrivé depuis près de quarante ans.
Ainsi, les défis se multiplient pour Intel alors qu’elle navigue dans un environnement économique de plus en plus concurrentiel. L’entrée de nouveaux investisseurs comme SoftBank pourrait offrir des perspectives de restructuration, mais soulève également des interrogations sur la viabilité à long terme du géant des semi-conducteurs.
Conclusion : une page se tourne au sein d’Intel
Alors que Washington et Intel scellent un accord majeur, il est essentiel de peser le pour et le contre de cette opération. Destinée à renforcer la position des États-Unis sur le marché des semi-conducteurs, cette initiative incarne les enjeux complexes de la technologie contemporaine.
Reste à savoir si ce tournant sera réellement bénéfique pour le secteur ou s’il ne sera qu’un effet d’annonce. Une chose est certaine : ce dossier mérite d’être suivi de près par tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de la technologie et à la compétitivité économique américaine.