Un bilan sans surprise : vers une hyperconnexion généralisée

L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a dévoilé début juillet son rapport 2025 sur l’état de l’internet en France. Sans surprise, le constat est clair : 94 % des Français se décrivent comme internautes, et 84 % d’entre eux utilisent Internet chaque jour. La société française, désormais connectée, prend des habitudes bien ancrées dans le numérique.

Avec une augmentation de la dépendance aux écrans, 72 % des Français passent plus de deux heures par jour devant leurs dispositifs pour un usage personnel. Ce constat souligne l’importance croissante d’Internet dans nos vies quotidiennes.

Trafic en hausse : des volumes de données en constante augmentation

Cette hyperconnexion est également mise en lumière par le volume de données échangées de plus en plus conséquent. En 2024, le trafic entrant des principaux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) montre une hausse de 9,2 %, atteignant 50,8 Tbit/s. Ce chiffre, bien que moins élevé que les augmentations des années précédentes, témoigne d’une dynamique toujours positive, après un bond spectaculaire de 21,5 % en 2022.

Les géants du numérique à la manœuvre

Les cinq géants du numérique — Netflix, Akamai, Google, Meta et Amazon — continuent de dominer le paysage en générant près de la moitié (47 %) du trafic global. Bien que cette part soit en légère baisse par rapport à l’année précédente (53 %), Netflix reste le leader incontesté avec 12,3 %, suivie de près par Akamai (12,2 %).

En progression du côté des GAFAM, Amazon capte 8,6 % du trafic, un chiffre qui bondit à 9,9 % en incluant Twitch. Google et Meta suivent respectivement avec 7,3 % et 5,4 %. Notons également que le trafic généré par Microsoft et Apple affiche une légère hausse, tandis que TikTok (Bytedance) commence à s’imposer avec 1,6 % du trafic.

Une dualité entre trafic entrant et sortant 

Le trafic sortant ne reste pas en reste, enregistrant une augmentation de 17,5 % et atteignant 5,1 Tbit/s en 2024. L’Arcep attribue cette progression à une forte présence de vidéos sur les réseaux sociaux. Le rapport entre le trafic entrant et sortant s’établit donc à 9,9, un chiffre témoignant d’un écosystème numérique en pleine mutation.

L’IA générative : un nouveau tournant pour l’accès à l’information

Face à un Internet en pleine évolution, l’IA générative prend une place prépondérante. Avec le dixième anniversaire du règlement européen sur l’internet ouvert, l’Arcep se penche sur les implications de l’IA générative sur la neutralité du net. Les modèles de langage de type ChatGPT, Google Gemini ou Perplexity influencent désormais la façon dont les utilisateurs accèdent à l’information.

Environ 48 % des Français affirment utiliser des services d’IA générative pour leurs recherches en ligne. Cette tendance est également observable dans le monde professionnel, où des applications métiers commencent à intégrer de manière native de l’IA, touchant à des domaines variés tels que la vente, les ressources humaines et même la maintenance industrielle.

Risques et craintes : un nouvel enfermement numérique ?

Cependant, l’Arcep met en garde : l’IA générative constitue une nouvelle « couche algorithmique » qui pourrait modifier notre rapport à l’information. Ces systèmes, en générant du contenu sur mesure, pourraient surcharger nos choix et perturber la façon dont nous accédons à l’information. Ce phénomène soulève des inquiétudes quant à un potentiel enfermement et une perte de contrôle sur ce que nous consommons.

Une vision biaisée ? L’influence culturelle des IA

La question de la vision portée par ces IA se pose également. La plupart des modèles d’IA générative, développés principalement aux États-Unis, sont entraînés sur des données en grande partie anglophones, reflétant ainsi une certaine culture et des valeurs spécifiques. 

Étonnamment, ce contexte soulève aussi la question de la manipulation des opinions. Des déclarations récentes concernant des projets de réécriture des connaissances humaines par des IA tels que Grok d’Elon Musk alarment quant aux intentions derrière cette technologie.

Vers une stratégie 2030 : Ouvrir le débat

Avec tous ces enjeux, le rôle de l’Arcep est de garantir que le principe d’ouverture d’Internet reste applicable. Ce principe, défini par le législateur européen, s’articule autour du droit d’accéder à l’information et d’utiliser les ressources avec liberté. Ainsi, dans le cadre de sa stratégie « Ambition 2030 », l’Arcep s’engage à proposer des recommandations pour concilier le développement de l’IA générative et la préservation d’un Internet ouvert et propice à l’innovation.

Conclusion : l’avenir de l’internet en question

Face aux défis technologiques du présent et à venir, l’internet français fait face à des transformations profondes. Reste à voir comment ces évolutions modèleront notre façon d’interagir, d’apprendre et de consommer à travers le numérique. L’avenir réside dans un équilibre entre innovation, responsabilité et accessibilité.