Un collectif puissant pour défendre la souveraineté numérique

Dans un effort massif pour affronter les enjeux contemporains de la souveraineté numérique, plusieurs grands acteurs européens se sont unis. Orange, Dassault Systèmes, OVHCloud, Airbus et Sopra Steria prennent les devants avec d’autres entreprises comme Telecom Italia et Deutsche Telekom au sein de l’European Sovereign Tech Industry Alliance (ESTIA). Ce collectif a pour objectif de faire entendre la voix des entreprises sur des problématiques critiques.

Le lancement officiel de cette alliance est prévu pour le début de l’année 2026. Un moment marquant pour la construction d’un avenir numérique sécurisé et souverain en Europe.

Définir le cloud souverain : une priorité absolue

La question du cloud est au cœur des préoccupations de l’ESTIA. Ce dernier met en avant, parmi ses premières initiatives, la définition précise du cloud souverain. Les membres de l’alliance ont signé le « European Sovereign Cloud Pledge », qui demande aux pouvoirs publics d’établir des critères communs pour définir ce concept vital.

L’objectif est de soutenir l’industrie en appliquant une préférence pour les offres cloud européennes lors des marchés publics. Dans un contexte où l’Union Européenne travaille sur son projet de loi, Cloud and AI Development Act, il est crucial que cette voix européenne soit entendue.

Eurostack : vers une certification des offres technologiques

Parallèlement, l’Eurostack Industry Initiative continue d’œuvrer pour la souveraineté numérique. Sa récente annonce de créer une fondation dédiée révèle l’intention de contrer les solutions qualifiées de souveraines, mais reposant pour autant sur des infrastructures non européennes. Eurostack, héritier de l’initiative Gaia-X selon ses mots, regroupe déjà des centaines d’entreprises européennes.

Cette fondation ne se positionne pas en tant que lobby, mais vise à proposer des mesures concrètes pour défendre la souveraineté technologique. Elle envisage notamment la mise en place d’une certification pour distinguer les offres qui respectent “les principes européens d’ouverture, d’interopérabilité et d’indépendance”.

Un sommet pour poser les bases de l’initiative

Ce mouvement a pris de l’ampleur suite à un sommet européen sur la souveraineté numérique s’étant tenu à Berlin fin novembre, où des décideurs politiques se sont réunis pour établir des bases solides sur différents sujets. Un accord commun entre la France et l’Allemagne y a été signé, affichant des intentions concertées sur la simplification réglementaire du marché numérique et le soutien à l’innovation en matière d’intelligence artificielle.

Cependant, la définition des critères du cloud souverain reste un sujet de négociation politique, avec les agences de cybersécurité françaises et allemandes maintenant une position commune sur cette question centrale.

Des défis encore à relever pour une cybersécurité efficace

Les agences de cybersécurité ont rappelé leurs efforts pour qualifier les offres cloud. Elles saluent également la publication de l’EU Cloud Sovereignty Framework, qui établit un système d’évaluation des niveaux de souveraineté des solutions cloud. Néanmoins, leur outil est jugé complexe et n’intègre pas assez de considérations sur les lois extraterritoriales affectant les acteurs étrangers.

Conclusion : Un chemin à tracer pour l’avenir numérique européen

L’European Sovereign Tech Industry Alliance s’impose comme une réponse à une nécessité contemporaine : sécuriser la technologie numérique européenne tout en intégrant des critères clairs autour du cloud souverain. À l’aube de cette nouvelle collaboration, les acteurs concernés se doivent de travailler de concert pour bâtir un avenir numérique respectueux des principes d’indépendance et de souveraineté.