Des milliards engloutis : où va l’argent ?

Depuis 2023, les grands noms des services informatiques et les hypercalers, ont dépensé plus de mille milliards de dollars dans le but de renforcer leurs capacités en ce qui concerne l’intelligence artificielle (IA). Ces investissements dépassent pourtant de loin les bénéfices à court terme : en effet, un rapport de Sequoia Capital prévoyait l’an dernier que les investissements dans l’IA dépasseraient de 600 milliards de dollars les revenus issus de cette technologie d’ici la fin de 2024.

D’après Gartner, les dépenses liées à l’IA devraient atteindre 644 milliards de dollars cette année, marquant une hausse de 76 % par rapport à l’année précédente. Mais cette tendance soulève une question cruciale : qui va payer la facture ?

Une facture qui pourrait peser sur les DSI

Dans ce contexte budgétaire tendu, les Directeurs des Systèmes d’Information (DSI) sont sur le devant de la scène. Ils pourraient bien se retrouver à assumer une partie significative des coûts liés à l’IA. Certains experts assurent que le coût des outils d’IA les plus prisés finira par augmenter. Les DSI devront s’attendre à des factures plus élevées, ce qui pourrait remettre en question leurs budgets déjà sous pression.

Nick Davidov, cofondateur du Davidovs Venture Collective, apporte néanmoins une lueur d’espoir. Selon lui, les coûts de l’IA baisseront à long terme. Cependant, il prédit que les DSI devront réajuster leurs budgets pour favoriser l’IA au détriment d’autres domaines, notamment les solutions SaaS classiques. En parallèle, certaines entreprises pourraient réduire leurs effectifs, avec les gains d’efficacité apportés par l’IA servant à financer ces nouveaux outils.

La comparaison avec le boom des dot-com

Les investissements massifs dans l’IA ressemblent de plus en plus à la bulle des dot-com des années 1990. Arie Brish, professeur d’économie, avertit que 95 % des investisseurs risquent de perdre leur mise. Toutefois, les 5 % restants pourraient découvrir les prochaines grandes entreprises technologiques, comme Google ou Amazon. Cela signifie que les entreprises paieront nécessairement une part des investissements réalisés, surtout pour les nouvelles fonctionnalités intégrées dans leurs abonnements.

Un cycle économique en vue ?

Rick Bentley, fondateur de Cloudastructure, souligne que le cycle actuel pourrait se répéter, laissant prévoir un effondrement dans le secteur de l’IA. Selon lui, « le casino est ouvert » et les clients, potentiellement, payeront pour les « pourboires » durant cette période d’effervescence technologique. Mais alors, dans quelle mesure les clients assumeront-ils ces coûts ?

Un avenir flou pour les DSI

D’autres experts, comme Firdaus Bhathena (FIS), évoquent un changement inéluctable dans les modèles de tarification. Les DSI pourraient être confrontés à des frais d’abonnement renforcés ou à une tarification basée sur usage. Il est impératif pour eux d’être vigilants, à la fois concernant les coûts cachés et la nécessité de requalifier leur personnel pour naviguer dans un écosystème de fournisseurs de plus en plus complexe.

L’importance d’une approche stratégique

JB Baker, vice-président chez ScaleFlux, met en avant que le véritable défi reste chez les fournisseurs, qui doivent innover pour générer de nouveaux revenus sans alourdir la facture des clients. À ce titre, il incite les DSI à aligner leurs choix d’IA sur des besoins concrets. Une stratégie prudente s’avère indispensable pour éviter des dépenses inutiles et assurer un retour sur investissement : “Commencez par définir les façons dont l’IA va aider votre entreprise. Et comment cela va-t-il améliorer les résultats.”

En somme, l’essor de l’intelligence artificielle promet des avancées significatives, mais impose également de réévaluer les budgets des entreprises. Les DSI se retrouvent au cœur de cette transformation qui façonnera le paysage économique dans les années à venir. Un changement nécessaire, mais qui pourrait s’accompagner d’un coût non négligeable.