ChatGPT : une menace pour notre intelligence ?

14 juillet 2025 | par la rédaction de Guide IT @Laetitia R.
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ChatGPT : une menace pour notre intelligence ?

Une étude du MIT remise en question

Depuis le lancement de ChatGPT par OpenAI à la fin de l’année 2022, un débat fait rage en ligne. De nombreux internautes affirment que l’utilisation de cette intelligence artificielle générative pourrait nuire à notre capacité de réflexion. Une nouvelle étude menée par le prestigieux MIT relance cette discussion, bien que ses résultats soient sujets à de nombreuses interprétations.

L’étude, qui a été publiée sur arXiv le 10 juin, propose d’examiner l’activité cérébrale de 54 participants âgés de 18 à 39 ans pendant qu’ils rédigeaient des textes, divisés en trois groupes ayant accès ou non à des ressources différentes. Les résultats ont suscité des titres chocs sur les réseaux sociaux, prétendant que « ChatGPT grille votre cerveau ». Mais que disent vraiment les chercheurs derrière cette étude ?

Lien entre soutien extérieur et effort cognitif

D’après les conclusions des auteurs, les participants qui ont utilisé ChatGPT affichent une connectivité cérébrale plus faible que ceux qui se sont basés uniquement sur leurs propres capacités. En effet, le groupe qui a écrit sans aide extérieure montrait les réseaux cérébraux les plus robustes, tandis que ceux ayant eu recours à l’intelligence artificielle étaient moins actifs. 

Les chercheurs soulignent : « La connectivité cérébrale diminue systématiquement avec la quantité d’aide extérieure. » Pour ces derniers, se fier à une aide numérique pourrait réduire l’engagement cognitif, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme.

Cependant, cette étude n’est pas sans lacunes. D’abord, l’échantillon de participants est peu représentatif. La majorité d’entre eux sont étudiants ou chercheurs, et les effets observés ne peuvent pas être généralisés à la population. De plus, la méthodologie n’était pas uniforme à tous les groupes. 

Un protocole controversé

Outre la taille de l’échantillon, le protocole de l’étude pose question. Plusieurs experts, dont Marc Cavazza, professeur d’IA à l’université de Stirling, soulignent que les méthodes de capture de l’activité cérébrale sont limitées. L’utilisation d’un électroencéphalogramme ne permet pas de saisir quelles zones du cerveau sont activées précisément. D’autres techniques, comme l’IRM fonctionnelle, pourraient fournir des résultats plus pertinents, ce que les chercheurs reconnaissent d’ailleurs eux même dans leur étude (rubrique “Limites”).

Il est important de ne pas tirer de conclusions hâtives. « Dire que si on n’écrit pas soi-même, on a moins de charge cognitive, c’est assez évident ! » rappelle lors d’une interview accordée à ce sujet à franceinfo Marc Cavazza, professeur d’IA à l’université de Stirling en Ecosse et spécialiste en neurosciences. Mais il interpelle sur le fait que cela ne signifie pas que l’on deviendra « plus ou moins bête » avec le temps.

Des résultats à nuancer

Les réactions soulevées par l’étude vont des affirmations de perte cognitive aux mises en garde contre les dangers d’une dépendance excessive à l’IA. Nataliya Kosmyna, l’une des auteures de l’étude, souligne que les données récoltées ne permettent pas de tirer des conclusions définitives. Elle affirme : « Nous n’avons pas découvert que les intelligences artificielles rendaient les sujets d’étude ou qui que ce soit d’autre ‘stupides’. »

Cette polarisation autour des effets de l’IA sur notre cognition souligne la prévalence d’un biais de confirmation, où chacun interprète les résultats selon ses propres croyances. « Des travaux supplémentaires sont nécessaires ! », conclut-elle.

Un discours faussé sur l’intelligence artificielle

Ce n’est pas la première fois qu’une étude sur les IA génératives suscite des interprétations radicales. En avril 2025, une étude menée par Microsoft Research évoquait des impacts néfastes sur l’esprit critique, mais encore une fois, les mesures étaient sujettes à caution.

Marc Cavazza appelle à des études plus approfondies pour mieux comprendre ces enjeux. Tirer des conclusions extrêmes ou définitives à ce stade ne fait que compliquer la prise de décision, déclare-t-il. Que ce soit avec ou sans l’IA, le plus grand risque pour notre esprit critique pourrait bien être une approche trop simpliste de ces technologies.

En fin de compte, chaque utilisateur doit rester conscient de l’impact de l’IA sur sa manière de penser et de créer. La vigilance et la réflexion critique demeurent essentielles dans cette ère numérique en constante évolution.

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